Ce matin, l'avocate Nathalie Tomasini, qui a notamment défendu Jacqueline Sauvage, était l'invitée de Jean-Marc Morandini dans "Morandini Live" sur CNews. En exclusivité, elle a évoqué la plainte qu'elle a déposée contre le ministre de la Justice et ancien avocat Eric Dupond-Moretti.
"La plainte a été déposée au parquet d'Evreux devant le procureur mardi matin. J'ai déposé plainte contre lui pour 'violences psychologiques' à mon encontre et 'menaces physiques'. Les faits remontent au mois de février 2020 au cours d'un procès d'assises où je défendais des parties civiles", a-t-elle débuté en précisant que l'actuel ministre de la Justice défendait l'accusé dans cette affaire de féminicide.
"Au cours d'une suspension d'audience, Eric Dupond-Moretti nous a invectivées ma consoeur et moi-même en nous traitant de 'saloperies de putes', 'hystériques', 'hontes du barreau', 'commerçantes du malheur'. Nous avons été menacées du poing par Eric Dupond-Moretti qui a dit 'je ne sais pas ce qui me retient'. Les propos sont très violents", a-t-elle ajouté en précisant avoir "été extrêmement choquée" par les insultes de l'avocat.
"Il y a des témoins directs et indirects. Il y a eu des mouvements de révoltes et d'exclamations. Pourquoi nous n'avons pas réagi ? Nous avons eu peur de faire passer nos propres intérêts au-dessus de ceux de nos clients. Nous n'avons pas créé cet incident d'audience de peur qu'il y ait un renvoi", a continué l'avocate en indiquant ne pas avoir réagi aux attaques d'Eric Dupond-Moretti.
Dès le mois de mars 2020, une plainte déontologique a été déposée. "On a réfléchi à déposer une plainte pénale. Par la suite, il faut obtenir un visa de la part de notre bâtonnier. Pour l'obtenir, il faut une nécessité de pourparlers. Ce qui a été fait. En ligne de mire, j'avais la préparation d'un procès très lourd et médiatique : celui de Valérie Bacot. Je ne souhaitais pas que ces deux procédures puissent s'entrechoquer et nuire à la défense de ma cliente".
Eric Dupond-Moretti nie avoir proféré les menaces et les gestes et menace de porter plainte. "Une victime dépose plainte et, de l'autre côté, on est dans le déni, dans la négation de ce qu'on a fait. Ca voudrait dire que j'ai menti ? Est-ce que vous pensez que déposer plainte contre le ministre de la Justice puisse être une farce pour moi ? C'est quelque chose de grave ! Si j'y vais, c'est que je veux être cohérente avec les valeurs que je défends".
"Ca n'a pas de sens politique mais un sens sociétal. Nous sommes dans une culture de l'impunité d'hommes qui pensent qu'ils ne vont pas être repris sur des propos dénigrants et sexistes. Là, en l'occurence, il s'agit de notre ministre de la Justice. Ca en dit long sur les valeurs de notre société actuelle", a conclu maître Tomasini qui précise qu'elle "souhaite une condamnation". Jeanmarcmorandini.com vous propose de (re)découvrir cette interview diffusée ce matin dans "Morandini Live" sur CNews (voir vidéo ci-dessus).