Little sister isn't watching you
JUSTICE - Après plusieurs vaines tentatives pour interpeller sur son sort, Alain Ferrandi s’adresse cette fois directement à Emmanuel Macron. Le prisonnier corse, condamné perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Érignac en 1998, a écrit vendredi 22 octobre au chef de l’État pour contester les refus essuyés après des demandes de rapprochement dans une prison corse. Il indique au passage qu’il va déposer une nouvelle demande.
“Incarcéré le 25 mai 1999, je subis, y compris depuis la fin de ma période de sûreté, le 25 mai 2017, un traitement inhumain et dégradant, digne de prisonniers politiques dans des régimes condamnés par la France (...)”, écrit Alain Ferrandi dans cette lettre ouverte au président de la République publiée en intégralité par Corse Matin.
“Monsieur le Président de la République, le sang a coulé, le chemin du pardon est long quand la mémoire vit, mais la France a su aussi au travers de l’histoire récente, dépasser la vengeance et incarner ce qu’elle proclame inlassablement… les droits de l’Homme”, poursuit le détenu qui annonce le dépôt d’une nouvelle demande de radiation du répertoire des détenus particulièrement signalés (DPS). Pour lui “l’inscription ne se justifie plus à l’aune de (so)n parcours de détention” et doit lui permettre de se “rapprocher des (s)iens”. La levée de ce statut est nécessaire pour tout rapprochement dans l’île qui ne compte aucune prison apte à accueillir ce type de détenus.
La question du transfert de détenus corse vers l’île de Beauté est un sujet sensible depuis plusieurs années. Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, lui aussi condamné à la perpétuité dans ce dossier, contestent inlassablement le rejet de leurs demandes de rapprochement dans une prison corse, qu’ils jugent “discriminatoire” et synonymes de “vengeance d’État”.
Le dossier a de nouveau suscité nombre de réactions notamment en Corse après le refus le 7 octobre de la cour d’appel de Paris d’accorder un aménagement de peine à Pierre Alessandri. En juillet le tribunal d’application des peines antiterroriste (Tapat) avait pourtant décidé de le placer en semi-liberté à la prison de Borgo (Haute-Corse) à compter d’août 2021, avant une éventuelle libération conditionnelle en 2023.
Femu a Corsica, le parti autonomiste du président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni, a dénoncé la décision, affirmant qu’elle “démontre que l’État français, dans toutes ses composantes, continue de mettre en oeuvre une logique de vengeance et de conflit, au détriment de la logique de justice et de réconciliation”. Il souhaite l’organisation d’“une large mobilisation populaire”.
Communiqué de presse du Conseil exécutif de Corse :
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) October 7, 2021
Arrêt de la Cour d’Appel de Paris refusant à Pierre Alessandri l’aménagement de peine qui lui avait été accordé par les premiers juges pic.twitter.com/iGi8zNPCOO
Le parti indépendantiste radical Core in Fronte dénonce également cette décision comme une “vengeance d’Etat”, de même que l’association de défense des prisonniers corses Sulidarita, qui appelle à “lutter quotidiennement” pour Pierre Alessandri et l’ensemble des prisonniers corses.
Interrogé à l’Assemblée nationale mardi 19 octobre, le Premier ministre Jean Castex a balayé l’idée d’une “vengeance de l’Etat”, faisant remarquer que le centre pénitentiaire de Borgo ou la maison d’arrêt d’Ajaccio n’ont pas les moyens d’accueillir des DPS.
Pas de liberté conditionnelle pour Pierre Alessandri : "Il ne m'appartient pas de commenter les décisions de justice", dit @JeanCASTEX
— LCP (@LCP) October 19, 2021
"Je ne peux pas laisser dire qu'elles seraient l'instrument d'une vengeance de l'Etat", affirme le Premier ministre.
#DirectAN#QAGpic.twitter.com/GrPOq5BxKJ
Vendredi, l’Assemblée de Corse a elle voté à l’unanimité une résolution solennelle demandant le “rapprochement immédiat” dans une prison insulaire d’Alain Ferrandi, Pierre Alessandri et Yvan Colonna.
Et samedi, les avocats d’Alain Ferrandi, Me Françoise Davideau et Me Corine de Bernardi ont écrit aux quatre députés corses pour leur demander d’oeuvrer en faveur de “la création d’une commission d’enquête parlementaire” sur les DPS en France.
De son côté, Emmanuel Macron, lors d’une visite en Corse en 2018 pour l’inauguration de la place Érignac à Ajaccio, a écarté définitivement toute loi d’amnistie concernant les terroristes corses, une des revendications des nationalistes.
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Source, article complet : https://www.huffingtonpost.fr/entry/affaire-erignac-un-prisonnier-ecrit-a-macron-pour-purger-sa-peine-en-corse_fr_6174076ae4b06573573bd64d